HOMMES ET TERRES DE CULTURES

RÉSIDENCE PHOTOGRAPHIQUE AU CHÂTEAU COQUELLE DE ROSENDAËL - DUNKERQUE. 2013.

Un regard né d’une rencontre, de vingt rencontres, toutes différentes, toutes uniques, toutes singulières. Ils m’ont donné de leur temps, des mots et de la poésie.
Au détour d’une anecdote, j’ai entendu une crainte, une réalité, celle de voir leur métier disparaître. Ce n’est pas simplement un métier mais une succession de gestes, de rituels, de méthodes qui se transmettaient jusqu’alors comme un trésor, un héritage familial.
- « Les enfants feront autre chose, le métier n’existera plus… Et alors ! Tant mieux pour eux, c’est un dur métier ! Travailler sept jours sur sept, être disponible, être à l’écoute du marché, oublier le temps qui passe, s’oublier soi-même. »
- « Et la terre ? Qu’allez-vous faire de votre terre de culture ? »
Pas de réponse. Le silence s’installe, la question reste en suspens. Je photographie.
Et puis il retourne à sa Terre oubliant la question restée sans réponse, il me salue, me sourit et me laisse déambuler au milieu de sa vie. Je photographie.
Je vois des silhouettes à travers le verre qui structure la serre, on dirait qu’elles dansent. Je photographie.
Plus loin, des objets posés, empilés, entassés… J’ignore la fonction de ces choses, elles sont belles, elles habitent le lieu, le composent, formant une œuvre hasardeuse, un tableau, une installation. Je photographie.
Je repars sans bruit, comme je suis venue, je disparais moi aussi.

DBR. Mars 2013.